Travaux universitaires de David TeurtrieLes enjeux de souveraineté entre la Russie et son étranger procheРоссия и ближнее зарубежье - ставка на суверенитетThe issues of sovereignty between Russia and its near abroad Thèse de doctorat soutenue à Caen le 14 décembre 2007. Mention très honorable avec les félicitations du Jury à l'unanimité. Résumé. L'objectif de la recherche est de déterminer dans quelle mesure la Communauté des États Indépendants (CEI), qui regroupe les ex-républiques soviétiques hors pays baltes, reste un espace géopolitique cohérent dominé par Moscou. Le renouveau politico-économique que connaît la Russie depuis 1999 a impulsé des dynamiques centripètes dans un contexte où les tendances centrifuges observées depuis la fin de l’URSS se poursuivent. Pour analyser la dialectique intégration/désintégration, il a été procédé à une étude plurithématique et transversale des vecteurs de l’influence russe auprès de son « étranger proche ». Dans cette optique, trois grands axes de recherche ont été explorés : les structures d’intégration politico-économiques au sein de la CEI, la dimension géopolitique de l’exportation des hydrocarbures, la géopolitique de la langue russe dans l’étranger proche. Ces axes correspondent aux trois grands domaines (politique, économique et culturel) au travers desquels s’exprime la puissance d’un État moderne. Les envisager conjointement permet de varier les échelles temporelles et spatiales afin d’analyser les transformations lourdes d’un espace qui représente près du sixième des terres émergées de la planète et d’une puissance qui reste incontournable sur le plan international. Pour télécharger la thèse au format pdf, cliquez ici.
Extraits du rapport de thèse M. Robert Hérin (directeur
de thèse) :"J'ai suivi la préparation et la réalisation de la thèse
depuis l'année des maîtrises de géographie et de russe, c'est-à-dire
depuis 2001, dont quatre années depuis l'obtention du DEA. Je suis
particulièrement sensible à la continuité du projet de recherche, mais
aussi à son enrichissement progressif, à la fois par l'accumulation et
la capacité de synthèse des informations réunies, par
l'approdondissement de la réflexion, par la rigueur de plus en plus
affirmée de la méthode de recherche, par l'exigence constante, de plus
en plus efficace, de la rédaction et de la composition."
Les enjeux de souveraineté entre la Russie et son étranger prochemémoire de DEA (projet de thèse), dir. Hérin (R.), Université de CAEN, juin 2003, 164 p. Extrait : "Au cours des années 1990, la Russie a peu à peu perdu son emprise sur ses voisins dans un processus d’affaiblissement spectaculaire qui a vu la puissance soviétique puis russe se rétrécir comme peau de chagrin. Ce bouleversement est la conséquence (puis la cause) d’une récession économique sans précédent qui a obligé les autorités russes à revoir leurs ambitions politiques et militaires. Cependant, à partir de 1999 la Russie a connu un début de redressement avec le retour d’une croissance économique substantielle et un renouveau politique qui s’est traduit par la réaffirmation de la prééminence de l’État fédéral sur les régions et une reprise des réformes. Sur le plan extérieur, le nouveau pouvoir a entamé une offensive tous azimuts auprès des États de l’étranger proche afin de réaffirmer les intérêts de la Russie dans cette région. Ce regain d’activité a vite produit d’importants résultats, puisqu’on est passé d’une crise ouverte début 1999 à un certain consensus autour de la prééminence de la Russie au sein de la CEI : les uns y voient un partenaire économique incontournable (Biélorussie, Kazakhstan, Kirghizstan), les autres un précieux soutien face à la montée du péril islamiste (Tadjikistan, Kirghizstan), d’autres encore, tel le président ukrainien Koutchma, un interlocuteur plus compréhensif que l’Occident quant au respect des règles démocratiques… Le maître mot de la nouvelle politique russe vis-à-vis de son étranger proche est le pragmatisme : les États d’Asie Centrale décident-ils d’accueillir des bases américaines ? Ça n’est pas du goût des dirigeants russes, mais voyant qu’ils ne peuvent faire autrement, ils décident de prendre les devants et présentent cette installation comme le résultat de la bonne volonté russe dans le cadre de la lutte antiterroriste. Bien plus, la Russie continue de coopérer avec l’Ouzbékistan qui a pourtant clairement montré que son alliance avec les États-Unis visait à contrebalancer l’influence russe dans la région. Les dirigeants russes veulent montrer par cette attitude qu’ils ne cherchent pas la confrontation et qu’ils inscrivent leur action dans la durée, au contraire (espèrent-ils) d’acteurs plus épisodiques (les États-Unis) qui risquent de délaisser la région quand des affaires plus pressantes les appelleront ailleurs..." [extrait de la Conclusion générale, pp. 141-142] La langue russe, enjeu des relations Russie-CEImémoire de maîtrise LLCE russe, dir. Boris Czerny, Université de Caen, novembre 2003, 160 p. Extrait : "Les républiques d’Asie Centrale ont la particularité d’avoir toutes été créées par le pouvoir soviétique. Leurs frontières, une partie de leurs mythes fondateurs et surtout leur langue sont le fruit d’un processus unique en son genre de construction volontariste externe (c’est-à-dire initiée par les représentants d’une entité socio-culturelle étrangère) d’identités nationales à l’intérieur même d’un ensemble étatique unitaire. L’autre point à souligner est que les sociétés d’Asie Centrale ont été beaucoup moins affectées dans leurs structures que le reste de l’Union Soviétique. En effet, les autorités locales ont réussi à récupérer le processus de collectivisation pour l’adapter aux structures traditionnelles. De même, la répression stalinienne n’a touché qu’un cercle restreint de hauts responsables et n’a pas eu le caractère systématique qu’il a pris dans la partie européenne de l’URSS. Cette relative stabilité a été un élément défavorable à la russification linguistique. Les populations sont restées majoritairement rurales, alors que la croissance démographique urbaine était surtout alimentée par une population européenne russophone. Cela implique une moindre alphabétisation de la population allogène, une mobilité réduite et une plus grande homogénéité ethnolinguistique. Tous facteurs qui freinent le processus de russification linguistique. Celle-ci se développe en effet beaucoup plus rapidement dans le cadre multi-ethnique des pôles urbains industrialisés qui caractérise le développement économique du reste de l’URSS. En fait, les principes de l’édification de l’empire soviétique contenaient les germes de sa destruction. Les soviétiques ont été beaucoup plus efficaces pour construire des nations là où elles n’existaient pas, que pour soviétiser les populations qui n’appartenaient pas au groupe slave orthodoxe dominant." [Extrait du chapitre II de la deuxième partie, pp. 93-94] Les enjeux de souveraineté entre la Russie et son étranger proche : les enjeux énergétiquesmémoire de maîtrise de géographie, dir. Robert Hérin, Université de Caen, juin 2002, 137 p. Extrait : "Comme le montre la figure 2, la Russie a vu sa production et sa consommation pétrolière se réduire au cours de la majeure partie des années 1990. Les dirigeants des groupes issus des privatisations n’avaient qu’un objectif en tête : amasser des devises à l’exportation en faisant tourner l’appareil productif sans y investir un kopeck. Cette politique désastreuse qui s’accompagnait d’exportations massives de capitaux vers des comptes offshores, s’est traduite par une dégradation de tous les secteurs allant de la production au transport en passant par le raffinage. Les accidents et les fuites, qui en résultent, ont provoqué d’importants dégâts écologiques. ![]() A l’image de la Russie, le redressement du secteur a commencé en 1999 avec un redémarrage des investissements et de la production. La consommation augmentant moins vite que la production, les entreprises russes ont pu dégager d’importants volumes pour l’exportation." [Extrait du chapitre III de la deuxième partie, p. 50] |
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